La personne  - Eric Delassus - Editions Bréal
La personne

Archive for octobre, 2019

Se reconnecter au monde

Posted in Articles, Billets on octobre 27th, 2019 by admin – Commentaires fermés

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Lorsque l’on évoque la notion d’inconscient, bon nombre de personnes vont immédiatement penser à Freud et à la psychanalyse. Or, s’il est vrai que la théorie psychanalytique a été à l’origine d’une révolution considérable dans la représentation que nous nous faisons de nous-même, Freud n’est pas pour autant le premier a avoir contesté l’idée selon laquelle la vie de l’esprit se limiterait à celle de la conscience. D’autres avant lui ont mis en évidence un certain nombre d’aspects de notre vie mentale dans lesquels la conscience n’est pas celle qui opère en premier lieu. C’est le cas de Leibniz, lorsqu’il étudie ce qu’il désigne par le terme de petites perceptions. Certes les opérations inconscientes de l’esprit dont nous parle ce philosophe du XVIIe siècle sont très éloignées des thèses avancées par la psychanalyse, mais elles n’en sont pas moins riches d’enseignement. En effet, lorsque Leibniz utilise le terme d’inconscient, il continue de l’utiliser comme un adjectif qualifiant certaines opérations de l’esprit, tandis que Freud en fera un substantif désignant une instance active du psychisme. De plus, alors que Freud identifiera des conflits ou des ruptures entre conscience et inconscient, Leibniz fera quant à lui référence à des opérations inconscientes de l’esprit pour défendre le principe de continuité selon lequel « la nature ne fait pas de saut » et s’organise selon le principe de l’harmonie préétablie en fonction duquel Dieu crée « le meilleur des mondes possibles ».

Ce que Leibniz qualifie d’inconscient, ce sont certaines perceptions sans lesquelles aucune perception consciente ne serait possible. Pour préciser sa pensée Leibniz présente ces « petites perceptions » comme des perceptions sans aperception. Il arrive, en effet, que nous percevions certaines choses sans nous en apercevoir, il est même nécessaire que nous les percevions de la sorte pour que nous puissions ensuite nous apercevoir que nous les percevons.

Par perception, il faut entendre ici toute affection du corps ou de l’esprit, c’est-à-dire toute modification provenant de leur relation avec une réalité qui leur est extérieure. Aussi, lorsque ces modifications se produisent sans que nous en ayons conscience, nous avons affaire à ce que Leibniz nomme des perceptions sans aperception, l’aperception désignant la perception consciente. Comment se fait-il que nous puissions percevoir certaines choses sans être en mesure de nous apercevoir que nous les percevons ? Et comment prouver que nous les percevons puisque nous n’en avons pas conscience ?

Plusieurs facteurs interviennent pour expliquer le caractère conscient ou non de certaines perceptions et la possibilité que nous avons de pouvoir parfois en prendre conscience.

Parmi ces facteurs, nous en retiendrons deux principaux, la taille de ces perceptions et l’attention que nous leurs portons. Certaines perceptions sont tellement petites, elles nous modifient si peu que nous ne pouvons les saisir consciemment, d’autres sont tellement fréquentes ou se produisent lorsque nous sommes si peut vigilants que notre attention ne se porte plus sur elles. Pour ces dernières, Leibniz prend l’exemple de celui qui vit à proximité d’une chute d’eau et qui au bout d’un certain temps n’entend plus ce bruit, n’est pas dérangé par lui. Ce bruit appartient tellement à son univers qu’il ne porte plus son attention sur lui.

Quant aux petites perceptions, comment pouvons-nous être certains de les ressentir ?

Ce qui fait que ces perceptions s’avèrent réelles, n’est autre que la nécessité de leur présence pour rendre possible d’autres perceptions constituées par l’assemblage de toutes ces petites perceptions. Pour illustrer ce phénomène, Leibniz prend l’exemple du bruit de la mer lorsque nous nous promenons sur le rivage et entendons le mugissement des vagues venant mourir sur la plage ou les rochers. Ce bruit de la mer est constitué de la composition des sons résultant du bruit de chaque vague. Or, si je ne puis être affecté consciemment par le bruit d’une seule vague, je prendrai nécessairement conscience de celui provoqué par des centaines ou des milliers de vagues. Comme l’écrit très justement Leibniz, il faut bien que je perçoive le bruit de chaque vague pour percevoir le bruit de cent mille vagues. En effet, si je ne percevais pas chacune d’entre elle, je ne pourrai percevoir le bruit de leur somme, puisque « cent mille riens ne saurait faire quelque chose ». On pourrait aussi prendre un autre exemple, celui du bruit que fait la pluie lorsque chaque goutte tombe sur le sol. Nous ne percevons pas consciemment le bruit d’une goutte d’eau s’écrasant à nos pieds, mais nous ne pouvons dire que nous ne le percevons pas du tout, sinon nous pourrions percevoir celui d’une averse.

Pour ce qui concerne notre vigilance et notre attention, un autre exemple peut-être convoqué, celui du réveil qui nous pousse hors du lit chaque matin. Lorsque nous dormons, la vigilance de notre conscience est diminuée, mais nous ne pouvons pas en conclure que nous sommes indifférents au monde extérieur, car il faut bien qu’étant endormi nous commencions par percevoir la sonnerie du réveil sans en avoir conscience pour nous apercevoir ensuite que nous percevons cette sonnerie et nous réveiller totalement.

 

Que conclure de ces remarques de Leibniz sur nos perceptions inconscientes ? Peut-être que ces petites perceptions sont le signe du lien que nous entretenons avec l’Univers dont nous sommes parties-prenantes. Aussi, en nous efforçant de prendre conscience de cette manière d’être affectés par la nature dont nous faisons totalement partie, peut-être parviendrons-nous à nous reconnecter avec elle, à prendre conscience qu’elle n’est pas un simple réservoir de ressources, mais un réseau de liens dont chacun doit prendre soin, s’il veut continuer à jouir des bienfaits qu’elle nous procure.

En nous efforçant de saisir consciemment certaines de ces petites perceptions, en ouvrant notre esprit aux bruissements du monde, peut-être parviendrons-nous à nous réconcilier avec un écosystème que nous avons trop longtemps négligé, oubliant qu’il nous faut y préserver un certain équilibre grâce auquel se maintient une relative harmonie – même si celle-ci n’est peut-être en rien préétablie comme le pensait Leibniz – qui est la condition de notre survie en son sein.

Éric Delassus

 

L’intelligence et les mains

Posted in Articles on octobre 21st, 2019 by admin – Commentaires fermés

L’homme est doté de l’intelligence et des mains. Cette improbable coïncidence, qui relève d’un quasi-miracle, a conduit Aristote à affirmer, contre Anaxagore, pour qui l’homme est intelligent parce qu’il a des mains, qu’au contraire la nature a donné à l’homme les mains pour qu’il puisse faire usage de son intelligence. Fidèle à sa conception finaliste de la nature, Aristote pense que l’homme a des mains parce qu’il est intelligent. Sans vouloir clore ce débat et prendre parti pour l’une ou l’autre position, l’extraordinaire fécondité de cette conjonction apparaît comme incontestable. Comme le souligne Aristote, elle fait de l’homme le mieux loti des animaux. En effet, contrairement à Platon qui affirme dans le mythe du Protagoras, que l’homme dans la nature est nu et démuni et qu’il ne doit son salut qu’à Prométhée qui est allé voler le feu et le secret des arts aux dieux, Aristote ne considère pas que la technique provient d’une origine divine, mais qu’elle s’inscrit dans la nature même de l’homme du fait de cette conjugaison de l’intelligence et des mains. Sans aller jusqu’à considérer que celle-ci résulte d’une intention de la nature, on peut tout aussi bien y voir l’effet des hasards de l’évolution du vivant qui a produit cette espèce qu’est l’humanité, capable de s’adapter d’une manière tout à fait singulière à son milieu. C’est qu’il y a, en effet, quelque chose d’extraordinairement étonnant dans cette présence de l’intelligence et des mains en un seul et même organisme. Imaginons un instant un reptile doué des mêmes aptitudes intellectuelles que l’homme, qu’en ferait-il ? Comment parviendrait-il à fixer ce que sa pensée est parvenue à élaborer, comment pourrait-il concrétiser et faire avancer les produits de son activité intellectuelle ? Ces derniers resteraient évanescents et ne dépasseraient pas l’état d’une sommaire ébauche. De même, nos cousins primates, dotés de mains, ne sont pas parvenus à en faire un usage équivalent de celui qu’en font les humains.

L’intérêt de ces remarques est en premier lieu de montrer en quoi la distinction souvent établie entre travail manuel et activité intellectuelle est totalement aberrante et erronée. Il n’y a pas de travail manuel qui ne fasse appel à l’intellect et à l’inverse pas d’œuvre de l’esprit qui ne nécessite l’usage de la main. Nous sommes tous des travailleurs manuels et intellectuels. L’artisan, l’ouvrier, s’ils ne pensent pas ce qu’ils font le feront mal. Beaucoup de nos contemporains qui se piquent d’être des intellectuels seraient, pour certains d’entre eux, bien en peine de se mesurer à l’excellence du plombier, de l’électricien, de l’ébéniste ou du tourneur fraiseur et surtout de comprendre précisément toutes les tâches qu’ils effectuent et les domaines dans lesquels ils évoluent. Personnellement, je suis toujours émerveillé par la rapidité avec laquelle un garagiste détecte une panne sur une automobile et par sa compréhension de la mécanique de plus en plus complexe qui préside au bon fonctionnement des véhicules d’aujourd’hui. De même, l’intellectuel pur n’existe pas. Si je veux que ma pensée prenne corps, il faut bien que je l’écrive, que je produise ce qui a le beau nom de manuscrit, c’est-à-dire « écrit à la main ». Parfois même, c’est la main qui guide la pensée. Lorsque nous devons rédiger un rapport, un courrier ou un article, il nous faut prendre la plume – ou aujourd’hui le clavier -, c’est-à-dire faire travailler nos mains, pour que la pensée se mette en place, qu’elle s’ordonne et que les idées s’engendrent les unes à la suite des autres. Que l’on cesse donc de séparer l’intelligence et la main et de considérer la première comme plus noble que la seconde. Notre cerveau serait un bien piètre outil, s’il n’était secondé des mains et ces dernières seraient bien malhabiles si l’intelligence ne pouvait s’incarner en elle.

 

Faut-il voir dans le hasard de cette rencontre le fait d’une bonne ou d’une mauvaise fortune ? Il s’agit là d’une question au sujet de laquelle des positions fort divergentes ont pu être avancées.

On peut y voir, comme Descartes, ce qui a permis à l’homme de se rendre « comme maître et possesseur de la nature », mais il est possible de considérer, comme Jean-Jacques Rousseau, qu’elle participe de ce « funeste hasard » qui permit aux hommes d’inventer l’agriculture et la métallurgie qui sont à l’origine de la propriété, elle-même la principale source, selon Rousseau, de notre corruption.

Cette collaboration est à l’origine de la technique et de tous ses progrès qui ont donné lieu aux technologies contemporaines. Ces technologies, nous pouvons désormais le constater, sont comparables au pharmakon des anciens Grecs, à la fois remède et poison. Elles peuvent nous libérer de nombreuses contraintes et nous rendre la vie moins pénible, mais elles peuvent également être la cause de nouvelles servitudes et produire des effets opposés aux fins qu’elles poursuivent.

Mais peut-être nous faut-il redécouvrir l’indissociable union de l’intelligence et des mains pour tenter d’évoluer vers une nouvelle manière d’appréhender la technique et notre rapport à la nature et à l’humain. Les problèmes sociétaux, sociaux, économiques et surtout écologiques auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, ne sont-ils pas finalement le fruit d’une intelligence par trop désincarnée, d’une intelligence qui oublie que, de même que la main n’est pas étrangère à l’intelligence dont elle est est partie intégrante, l’homme n’est pas étranger à la nature et ne doit pas en arriver à tout objectiver y compris lui-même. Contre cette intelligence séparatrice qui se nie elle-même, il nous faut revenir à ses sources mêmes, intelligare, établir des liens, vivre ces liens. En redécouvrant en quoi l’union de l’intelligence et des mains fait de nous des êtres reliés, reliés aux autres, reliés au monde ; en comprenant en quoi nous sommes tout autant des corps spirituels que des esprits incarnés, peut-être trouverons-nous la voie salutaire qui nous permettra d’éviter l’effondrement auquel certains se préparent déjà. Il faudrait pour cela faire coïncider deux temporalités, et c’est là toute la difficulté de la tâche, celle de l’urgence face aux problèmes qu’il nous faut résoudre et celle, beaucoup plus lente de l’évolution des mentalités et des représentations. L’urgence des dangers qui nous menacent accélérera-t-elle le second processus ? Nous n’avons d’autre choix que de l’espérer.

Éric Delassus

 

 

Joie et reconnaissance

Posted in Billets on octobre 16th, 2019 by admin – Commentaires fermés

Dans son livre consacré à l’esthétique, Hegel considère qu’il existe deux manières complémentaires de prendre conscience de soi, l’une théorique et l’autre pratique. La prise de conscience de soi théorique se fait par la réflexion, par le retour sur soi de la conscience qui se découvre et se contemple. Ce processus peut, dans une certaine mesure, être comparé au « je pense, donc je suis » de Descartes. J’aurai beau douter de tout, le processus réflexif par lequel s’effectue ce doute me prouve que j’existe en tant que « chose qui pense ». Cela, je ne puis en douter. En effet, puisque pour douter, il faut que je pense, plus je douterai de mon existence, plus je m’affirmerai comme sujet pensant. La conscience est donc ici la source même de toute vérité, puisque c’est sur ce sol fondateur que Descartes va conduire son projet de refonder la science.

Cependant, pour Hegel, cette prise de conscience de soi théorique ne suffit pas. En un certain sens, elle ne peut que laisser le sujet sur sa faim. Cette manière de prendre conscience de soi a tendance à laisser le sujet humain replié sur lui-même sans véritablement lui permettre de s’ouvrir sur le monde extérieur. Aussi, la conscience de soi à laquelle elle aboutit ne peut déboucher que sur une certitude subjective d’exister. Or, il semblerait que l’être humain ne puisse se satisfaire d’une telle impression purement intérieure. Il a besoin de voir celle-ci confirmer par une preuve objective, c’est-à-dire extérieure. L’objet, au sens étymologique, désigne ce qui est « jeté devant ». Le sujet conscient ressent donc la nécessité de voir se déployer devant lui les preuves de sa propre existence. Il ne se contente pas de la certitude intime d’exister que lui procure la réflexion, il a besoin de trouver face à lui des signes confirmant cette certitude. C’est là qu’intervient la prise de conscience pratique, c’est-à-dire la prise de conscience par l’action.

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Perfectibilité et progrès

Posted in Articles on octobre 8th, 2019 by admin – Commentaires fermés

La notion de perfectibilité a été principalement développée par Jean-Jacques Rousseau dans Le discours sur l’origine et les fondements de l ’inégalité parmi les hommes. Grâce à ce concept, Rousseau parvient à expliquer comment l’être humain a pu sortir de l’état de nature pour devenir l’homme civilisé que nous connaissons aujourd’hui. Si l’homme a pu acquérir certaines facultés qui ne se manifestent pas spontanément dans la nature, c’est en raison de cette faculté de se perfectionner, qu’il est apparemment le seul à posséder. Aussi, ne faut-il pas confondre la perfectibilité et la perfection. C’est au contraire en raison de son imperfection que l’être humain doit avoir recours à cette faculté qui lui permet d’acquérir toutes les autres facultés, car la perfectibilité est principalement une faculté d’adaptation permettant à l’être humain d’évoluer dans des conditions différentes de celles dans lesquelles il a pu vivre auparavant. Ainsi, l’homme qui est, dans la nature, selon les mots de Rousseau lui-même, « un animal stupide et borné », est en mesure, si les circonstances l’exigent de développer des facultés auxquelles il n’avait pas eu à recourir jusque-là. Ainsi en va-t-il de la rationalité ou de la sociabilité, qui ne sont pas selon Rousseau des caractéristiques inscrites dans la nature humaine, mais qui vont apparaître lorsque les conditions naturelles ne vont plus permettre à l’homme de mener une vie solitaire, la nature lui étant devenue plus hostile et ne lui permettant plus de trouver aisément les moyens de sa subsistance. Ainsi, en fonction des circonstances et des besoins qui leur sont liées, l’être humain développe grâce à sa perfectibilité des facultés lui permettant de s’adapter. Elle est donc à l’origine des techniques que l’homme invente et utilise pour survivre dans un environnement hostile, c’est elle également qui rend possible le développement du langage et plus généralement de ce qui relève de la culture.

La perfectibilité peut donc être considérée comme la faculté des facultés, celle qui permet d’acquérir toutes les autres. C’est elle qui, sans conteste, fait la différence entre l’homme et l’animal, lui permettant de vivre sous toutes les latitudes, quel que soit le milieu ou le climat. Cependant, si cette faculté présente de nombreux avantages, elle n’est pas sans inconvénient. D’une part, parce qu’elle n’est qu’une faculté d’acquisition, l’homme risque toujours de perdre les capacités qu’il a développées au cours de sa vie. D’autre part, elle peut conduire l’homme à aller au-delà de ce que demandent les nécessités de la vie et le conduire à mettre en œuvre des aptitudes qui peuvent le conduire à sa perte. Dans une certaine mesure, elle est l’une des principales causes de la corruption humaine. Comme l’écrit Rousseau, elle est à l’origine de ses lumières et de ses erreurs, de ses vices et de ses vertus.

Cette perfectibilité va incontestablement être sollicitée dans les décennies qui viennent pour nous permettre de nous adapter aux changements qui vont avoir lieu en raison des progrès scientifiques et techniques dont elle est d’ailleurs à l’origine. Si la perfectibilité permet à l’homme de s’acclimater à l’évolution naturelle de son milieu, elle est aussi ce qui rend possible son adaptation aux modifications qui résultent de la manière dont il affecte son environnement tant social que naturel.

 

Aussi, en ces temps de révolution technologique marqués par l’arrivée de l’intelligence artificielle et de la robotique, l’humanité va devoir recourir à des compétences qu’elle n’avait probablement pas beaucoup sollicitées. Il va cependant falloir accompagner ce recours à notre perfectibilité d’une grande prudence afin de ne pas se laisser entraîner dans un hubris, une démesure, qui risquerait de nous faire renoncer à ce qui fait notre humanité. Les problèmes climatiques et environnementaux que nous rencontrons aujourd’hui nous montrant bien en quoi le progrès technologique que cette perfectibilité rend possible ne produisent pas toujours des conséquences qui nous sont favorables et ne sont pas toujours la source d’un réel progrès humain.