Quelle éthique pour les droits culturels ?
Conférence donnée à Rennes le 02/12/2021 lors d’une rencontre sur les droits culturels organisée par Bretagne Culture Diversité et le laboratoire LIRIS de l’université Rennes2 dans le cadre des Rencontres & Débats proposés par l’Association des Trans Musicales.
L’être humain est un être culture. Que faut-il entendre par là ? Il faut d’abord, me semble-t-il comprendre par là que l’être humain ne peut accéder à l’humanité que parce que d’autres ont auparavant pris soin de lui et lui ont transmis un certain éthos, c’est-à-dire une certaine manière d’être en société qui va constituer la base de son identité. Ces manières d’être sont diverses et multiples et nous montrent qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’être humain, mais qu’il y en a de multiples et que cette multiplicité constitue toute la richesse de l’humanité.
Cependant, tous les êtres humains n’ont pas conscience de cette richesse et ont souvent tendance à percevoir la différence de l’autre comme une menace ou à vouloir retrancher l’autre de l’humanité en raison de sa différence. De nombreuses cultures ont une fâcheuse tendance à l’ethnocentrisme, c’est-à-dire à se poser comme la norme absolue de l’humanité et à considérer que ceux qui ne partagent pas leurs ethos, comme inférieurs ou comme devant être civilisés, c’est-à-dire comme devant rejeter leur manière d’être au monde pour en adopter lune autre correspondant mieux à ce que devrait être un être humain.
Cette attitude est à l’origine de l’intolérance, du racisme et de tous les crimes qui ont pu être commis par les différentes entreprises de colonisation qui jalonnent l’histoire de l’humanité. Et si aujourd’hui une certaine reconnaissance de la diversité culturelle permet de faire valoir un certain nombre de droits culturels, nous voyons bien que la tâche est encore immense et qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que droit à la différence soit universellement reconnu. On peut, certes, le déplorer et condamner ceux qui ne font pas preuve d’ouverture et de respect envers l’altérité de ceux qui leur sont différents, mais cela ne ferait pas beaucoup avancer les choses.
Il me semble que si l’on veut réellement faire évoluer les comportements en la matière, il nous faut d’abord essayer de comprendre les raisons qui peuvent conduire de nombreux êtres humains à rejeter ce qui fait leur richesse au lieu de l’accueillir et d’en faire un facteur de progrès. Comme l’écrit Spinoza, il ne faut pas « déplorer les actions des hommes, encore moins les maudire, mais seulement les comprendre ».