La personne  - Eric Delassus - Editions Bréal
La personne

Justice et intelligence artificielle

Merci à la Compagnie des Experts Près la Cour D’Appel de Bourges de m’avoir invité pour aborder la question de l’Intelligence Artificielle en matière de Justice.

Dans la lettre au Marquis de Newcastle du 23 novembre 1646, Descartes affirme que ce qui nous permet de faire la distinction entre un automate (c’est-à-dire une machine autonome) et un être humain doué de pensée, c’est la capacité que possède le second de parler et de s’exprimer « à propos », c’est-à-dire de tenir un discours qui soit en phase avec celui d’un autre sujet conscient, de tenir un propos dont le sens entre en résonance avec la signification de celui tenu par une autre personne.

Au XXe siècle, Alan Turing, l’un des pères de l’informatique moderne, considère que l’on pourra considérer que l’intelligence d’une machine aura atteint un niveau comparable à l’intelligence humaine, lorsqu’un être humain dialoguant avec une machine ne sera pas en capacité de savoir s’il a affaire à un programme d’IA ou à l’un de ses semblables.

Il semblerait qu’aujourd’hui le progrès des nouvelles technologies invalide la thèse cartésienne et que le test de Turing confirme que la confusion est possible entre une IA et une IH. Les possibilités de l’IA sont tellement étendue désormais qu’un programme de ce type est capable d’apprendre (deep-learning, machine-learning) et de se corriger, voire de prendre des décisions, comme c’est le cas dans les domaines médicaux (diagnostic, prescription) ou juridique (avec entre autres ce que certains nomment la justice prédictive). On est donc en droit de s’interroger quant à savoir si l’IA ne va pas finir par remplacer l’IH et si nous n’allons pas devoir, à plus ou moins long terme, nous soumettre à sa logique et à son mode de fonctionnement.

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